La mauvaise herbe n’est jamais loin de moi  

celle qui choisit la douleur  

plutôt que l’flattage de ch’veux  

celle qui s’abreuve au sang du crime  

et plante ses griffes acérées dans les plaies encore ouvertes   

  

Ses tiges prennent racine dans les eaux glacées de la honte  

de ma honte   

Honte d’être moi, là, devant vous  

sentir ce vide qui paralyse  

cette impression de n’être rien   

ou de ne jamais être assez  

pour être aimée  

  

On s’en raconte hein, des histoires  

des histoires d’amour  

Celles qui font battre le cœur ou qui le brisent  

On court après ou on le fuit  

Mais au fond qu’est-ce qu’on veut ?   

on veut juste : "des bisous, des bisous…"   

  

Oui, c’est c’que j’veux   

j’en ai besoin  

Ma honte en a besoin  

pour voir le verre à moitié plein  

et faire pousser la tendresse dans mes craques   

Laisser mourir la mauvaise herbe et m’faire flatter les ch’veux  

jusqu'à en jouir  

Laisser courir des mains dans l’dos pour m’réchauffer le corps  

et sentir l’amour me r'coudre le cœur   

  

J'suis fatiguée   

J’suis fatiguée de m'détester  

D’nourrir la haine qui m’empoisonne   

et d'courir après l'amour sans voir qu'au fond, je suis la seule à m'l’interdire  

J'veux des bisous, oui  

mais j’veux surtout me r’garder en face et trouver l’courage de m’dire   

pardon  

Pardon   

Pardon d'm'être laissée tomber  

d’avoir lâché la main d'cette petite fille qui danse   

qui rit un peu trop fort et dit tout haut ce qu'elle pense  

Celle qui dérange    

Pardon d'm'être enfermée à double tour et d'avoir ignoré les cris,   

d'avoir ignoré la vie  

  

Oui, aujourd'hui j'ose  

J'ose trouver l'courage d'ouvrir la porte   

De déposer mes larmes et ma haine   

et d'lui tendre les bras  

de me tendre les bras  

  

La mauvaise herbe me fait de l'œil mais c’est le verre que je regarde  

Le verre à moitié plein  

et la tendresse désormais prête à pousser dans mes craques